Dans le bourg, une grille en fer forgé signale l’entrée principale du château, débouchant sur un jardin d’esprit Renaissance en parfait dialogue avec la demeure du XVIe siècle : animé d’une fontaine en position centrale, il s’organise sur un plan en croix dont les quatre compartiments sont bordés de buis, strictement taillé à hauteur d’appui. Un des accès aux jardins, en léger contrebas de l’entrée principale, passe par la cour des communs qui ouvre sur un cheminement au sud du château, laissant de côté un verger de plein vent. D’emblée, le regard est happé par plusieurs tilleuls taillés en rideau, doublés d’une barrière peinte en rouge ;
ils encadrent le départ de l’allée des chevaux conduisant au pâturage. La découverte du jardin à la française s’effectue en oblique mais s’apprécie de face, la vue privilégiée revenant au propriétaire du haut de la terrasse. Ce jardin relève d’une composition ordonnancée autour d’une vaste pièce d’eau rectangulaire. Le point focal de la perspective est centré sur une fontaine monumentale avec escalier d’eau. Le premier plan est orné d’annuelles et d’arabesques de petits buis. Les plates-bandes latérales sont rythmées en alternance par des topiaires en forme de cône, à plateaux superposés et des coussins de fleurs. Sous de grands arbres, le fond de scène est fermé par une haute palissade d’ifs vert foncé qui, par contraste, fait ressortir la polychromie affirmée du jardin et de ses ornements en bronze. Le parc offre un vaste découvert central mettant en scène deux perspectives sur le grand paysage, cadrées au nord et au sud par les lisières arborées. Celles-ci sont composées majoritairement de sujets de collection (ginkgo, févier d’Amérique, cyprès chauve, copalme d’Amérique, collection de chênes…) qui sont mis en avant pour leur port original et les couleurs variées de leur feuillage.
Au fil du parcours, se découvre par surprise un jardin japonisant conçu par Jean-Louis Bajolet : plan d’eau aux lignes souples que le visiteur peut contempler depuis une maison de thé ; scénographie du végétal, orchestrée autour du pont, sublimant la nature en tableaux aux formes, couleurs et nuances subtiles. En vis-à vis, prennent place deux chambres de verdure, l’une avec gloriette, l’autre avec fontaine. Tous ces jardins, aux thématiques variées, outre leur conception architecturée, offrent un réel intérêt botanique à partir d’un corpus riche de près de 6oo arbres appartenant à 160 espèces, et de plusieurs milliers d’arbustes, de vivaces et de roses. La volonté pédagogique est affirmée par un étiquetage, très accessible, de la plupart des végétaux.
Texte d'Emmanuel Parisot 2021