Le désert de Retz à Chambourcy
Parc paysager historique, classé au titre des Monuments Historiques, label Jardin remarquable
Le Désert de Retz a été créé en 1774 par François de Monville, homme passionné d’architecture, de botanique et de musique. Il achète d’abord une maison de campagne entouré de 13 hectares de terrain à Saint-Jacques de Retz, en limite nord de la forêt de Marly. Il agrandit ce terrain par des acquisitions successives jusqu’à constituer un domaine de 38 hectares et en 1775, il y fait bâtir une première fabrique, le Temple au dieu Pan, puis le Pavillon chinois qu’il habite et commence l’agencement de son jardin anglo-chinois. Des essences rares sont plantées, un jardin d’herbes, des vallons, un étang et l’Ile du bonheur forment un ensemble harmonieux. Un potager et des serres qui abritent sa collection d’essences végétales rares complètent le tout.
En 1781 ont lieu la construction de la Colonne détruite qui devient la résidence principale du propriétaire, puis de la Glacière pyramide, de la Tente tartare et du Rocher. François de Monville a dessiné lui-même les esquisses des fabriques et le plan des jardins.
Le plan « définitif » du Désert de Retz est arrêté en 1785 : une vingtaine de fabriques sur 38 hectares.
Ces créations architecturales sont des constructions pittoresques, parfois extravagantes, s’inspirant des styles chinois, orientaux ou bien antiques.
Elles connaissent un fort engouement pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, avec l’essor du romantisme et des jardins à l’anglaise. Par leur disposition et leur succession, elles assuraient l’articulation des points de vue et ponctuaient les circuits de promenades. Plusieurs types existent : les fabriques classiques s’inspirant de l’Antiquité : temples, rotondes ou colonnades à motifs antiquisants, les fabriques exotiques évoquant des pays lointains : pagodes, portes chinoises, pyramides, les fabriques naturelles reproduisent des dolmens, grottes ou rochers artificiels, les fabriques champêtres composées de chaumières, huttes, et reproductions d’architectures vernaculaires.
En outre, le tracé du Désert de Retz s’inscrit dans un parcours initiatique évoquant différentes cultures et courants de pensée : l’Éthique, les Encyclopédistes, les Lumières, les Sciences ou encore la Franc-maçonnerie.

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Le jardin Plume, à Auzouville sur Ry
Jardin privé contemporain, labellisé JR
A l’arrivée de Sylvie et Patrick Quibel en 1996, l’ensemble du terrain plat de 2 hectares, très pur avec une grande perspective vers le sud jusqu’à la forêt, autour d’une vieille ferme à colombages, est un verger de pommiers et une pâture à moutons. La terre est grasse et riche. Ils ont souhaité maintenir cet élément majeur au sein dans cet axe Nord-Sud. En 1997, le plan est arrêté, la messe est dite, et il subsiste tel quel aujourd’hui. Ce jardin, bien que contemporain, obéit à la fois aux règles des jardins classiques du XVIIème siècle / bassins, broderies de buis, perspectives et par son exubérance rejoint les règles de la nature. La présence de vent a nécessité la plantation de haies qui constituent l’ossature très forte du jardin et cadrent les plantations foisonnantes. Ici point d’arbres, point d’arbustes, point de rosiers, mais des plantes vivaces herbacées plantées de façon répétées donnant un aspect pointilliste de légèreté. Le contraste, marqueur du jardin, est assuré par les broderies de buis où toutes les formes sont permises : rondes, carrées, en tables, en grandes vagues.
le verger
Pour le structurer, des axes ont été tracés est-ouest et nord-sud autour desquels s’organisent en damiers de larges chemins tondus. Un grand et simple bassin miroir carré, sans plantes, posé à fleur de pelouse a été creusé dans l’axe central. Les « carrés » non tondus issus du dessin ont conservé leur végétation indigène faite de boutons d’or, de trèfles roses et blanc, de petite oseille, de graminées. Puis afin d’augmenter cette diversité, ont été plantés des bulbes de camassias, de narcisses, de perce-neiges, d’ails d’ornement, de fritillaires… puis a commencé un programme de réimplantation de plantes indigènes poussant au bord des routes : succises des prés (Succisa pratensis), sauges (Salvia pratensis), bétoines (Stachys offinalis), primevères (Primula verris), compagnons roses et blancs, campanules (Campanula rapunculus), géranium des prés (Geranium pratense), rhinanthes (Rhinanthus alectotolophus). Ces carrés sont fauchés une fois l’an vers la mi-octobre, débarrassés de leurs chaumes et débris et tondus très ras avant l’hiver.
Autour de cette respiration, disposés d’Est en Ouest, 3 jardins travaillés par thèmes de saison :
le jardin de printemps est émaillé de boules de buis émergeant de tapis de fleurs précoces
le jardin d’été
Encadré de haies de charmes qui le protègent des vents d’est et d’ouest, il domine la prairie et le bassin miroir. Des carrés ouverts de buis taillés, inspirés des jardins baroques, lui donnent une structure permanente. Très présente en hiver, celle-ci se fait un peu oublier pendant l’été sous l’exubérance des plantes. Le choix des couleurs volontairement limité aux rouges, or, orangés, jaunes : crocosmias, dahlias rouge écarlate, heleniums, hémerocalles, rudbeckias, kniphofias, grand soleils annuels, capucines, pavots rouges échelonnent leurs floraisons de juin à octobre. Quelques graminées sélectionnées pour la couleur de leurs feuillages rythment l’ensemble : Miscanthus sinensis ‘Ghana’, au feuillage cramoisi dès le milieu de l’été, les altières Stipa gigantea en fleurs dès juin et Panicum ‘Squaw’ au feuillage rouge sombre en automne.
le jardin d’automne
Dans un espace carré clos de haies de charmes et de hêtres, des cheminements étroits permettent de se faufiler au milieu des plantes hautes et de les voir de près. Début septembre les cierges blancs des cimicifugas embaument le jardin, accompagnés de grands vernonias américains pourpres et blancs puis les asters prennent le relais, en particulier les espèces et variétés à petites fleurs du genre Ericoides et Cordifolius. Les grands Miscanthus ‘Saturnia’ (une sélection maison) répétés à intervalles réguliers allègent et structurent le tout de leurs panaches argentés aux cotés de l’herbe aux diamants, Calamagrostis brachytricha. Les épis recourbés, rose fuchsia, de Persicaria orientalis, une annuelle géante, dominent la scène. Une treille court sur une pergola d’acier brut adossée au pignon ouest de la maison. Une vaste table de buis enserre la petite terrasse en briques. C’est l’endroit rêvé pour profiter du spectacle de cette« folie » végétale les beaux après-midis d’automne.
le jardin plume
Il a donné son nom à l’ensemble du lieu. Une apparente improvisation des transparences dans l’association un peu folle de plantes légères et flexibles. Ici pas de feuillages larges, pas de grosses fleurs mais des épis fins, des brouillards et des cascades de petites fleurs, soigneusement choisies puis répétées par petites touches plus ou moins régulièrement pour donner son unité à l’ensemble/ tels les épis dorés de la superbe graminée Calamagrostis ‘Karl Foesrter’ utilisés comme une démarche impressionniste qui assure l’équilibre et le naturel de cet espace. Les plantes viennent de partout : Amérique du nord avec les grandes veronicastrum, les ratibida, les phlox paniculata sauvages, Asie avec les grands thalictrum, les sanguisorbes blancs, pourpres et roses mais aussi Europe : dianthus, graminées Briza , aquilegia. Le tout bordé par une longue haie de buis en « vagues » faisant écho à l’écume des vagues de plantes.
le jardin de fleurs
Pour maintenir un espace fleuri pendant plusieurs mois, les différentes floraisons se relaient naturellement. Ainsi les zinnias prennent gentiment le relais des lupins, les tabacs émergent d’un tapis défleuri d’Asperula orientalis. Les pavots, les nigelles de damas, les molènes, les fenouils, l’aneth ou les grandes arroches rouges et blondes se faufilent partout dans les interstices…. Il y a ici autant d’annuelles et de bisannuelles que de plantes vivaces. Les buis, très présents, sont, taillés en ondulations en « turbans » ou en fleurs pour la petite touche de structure indispensable. Un second bassin carré, totalement isolé au milieu des miscanthus, que l’on peut ne pas voir, d’aspect zen, est le lieu de repos de ce lieu unique.

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Le jardin de valérianes à Bosc-Roger- sur-Buchy
Jardin privé contemporain, labellisé JR
Maryline, autodidacte et Michel Tissait, jardinier, ont ici conjugué leurs talents et leur amour des plantes pour créer 2 jardins aux atmosphères et aux plantes très différentes. En 1981 ils prennent possession de 20 ares d’un terrain très difficile, en pente, argileux, riche en silex recouvert d’une fine couche de limon, puis 10 ans plus tard s’y ajoutent 20 ares supplémentaires. Leurs deux filles, Valérie et Anne leur ont donné l’idée de nommer le jardin « Valériane » et la valériane blanche fut la première plante installée. Pour permettre des plantations moins difficiles et plus viables, ils construisent des massifs surélevés à l’aide de traverses, amènent de la bonne terre, et apportent annuellement pas moins de 16m3 de fumier, 8 années durant !
Dans ce jardin à l’anglaise, des chambres de verdure entourées d’ifs fastigiés ; une double mixed bordure est plantée de vivaces pas trop hautes pour conserver la perspective sur la forêt. Un jardin de rosiers entouré de vivaces basses est ensuite créé autour d’une terrasse de briques de récupération. Puis sur une troisième partie très ensoleillée le sol est décaissé, la terre utilisée pour surélever les plantations latérales afin de faciliter le drainage. Sur un dernier espace plat, on joue avec un cheminement au milieu des feuillages d’arbres et d’arbustes.
En 2003 nos deux passionnés se laissent tenter par 80 ares de l’autre côté de la route de ce premier jardin et une nouvelle aventure commence par une bonne surprise. Le nouveau terrain est en effet à l’opposé du premier. Ici, la terre est souple, humifère, facile à travailler, et franchement acide (Ph de 5 à 5,5). Un vrai bonheur ! La boulimie de plantes va donc pouvoir être satisfaite, et nombre de végétaux vont y être installés, dont certains jusque-là inenvisageables. L’idée de Maryline, car elle est à présent la maitresse des lieux, est de créer une balade menant à un bassin central. Un parcours engazonné, très soigné, sinueux nous y conduit. La terre enlevée a permis d’aménager buttes et vallons donnant du relief au décor accentué par arbres et arbrisseaux qui entourent le bassin.
Les arbres taillés en transparence, ont été sélectionnés pour leurs écorces, le graphisme de leur feuillage. On peut ainsi admirer, au détour des allées sinueuses, les belles panachures d’un Cornus alternifolia ‘Argentea’, les troncs aux somptueuses écorces des bouleaux, les silhouettes tourmentées d’un Prunus incisa ‘Kojo-no-mai’ ou d’un Robinia pseudoacacia ‘Twisty Baby’, le tout mis en valeur par la présence de feuillages persistants (rhododendrons, Taxus baccata ‘Fastigiata‘, Cedrus deodora ‘Pendula’, abies…). Les hydrangeas sont largement plantés / paniculata, serrata, quercifolia, et bleuissent naturellement dans ce sol adapté. Les nombreux érables du Japon illuminent l’automne de leurs couleurs flamboyantes.
Une belle palette de vivaces et de graminées/ miscanthus, sporobolus, pennisetum, carex et hakonechloa rivalisent de beauté de par leurs ports ou leurs teintes en fin de saison. Dans cette ambiance fraîche et ombragée, la grande pièce d’eau centrale est le miroir de tous ces trésors, faisant ainsi évoluer le décor au gré de la promenade. Le bassin héberge de nombreuses espèces aquatiques comme la chataîgne d’eau (Trapa natans) ou le nénuphar jaune (Nymphaea x ‘Flava’). Aux berges moussues et végétalisées de graminées aquatiques répondent les plages de sable, de graviers et de galets voire d’enrochements aux pieds desquels se faufile un ruisseau. A certains endroits, les rives sont reliées entre elles par une succession de blocs de granit posés à fleurs d’eau et assurant la continuité de l’allée qui sillonne le jardin.
Curieux et avides de nouveauté, Maryline et Michel se passionnent également pour des végétaux moins courants et au look exotique : schefflera, tetrapanax, brassaiopsis, arisaema et autres boehmeria (les orties japonaises au feuillage décoratif) viennent ainsi progressivement élargir une palette végétale déjà riche. C’est ainsi qu’au détour d’un massif se dévoilent le jardin japonais. Il rassemble des essences emblématiques telles que les bambous entremêlés d’ornements typiquement nippons comme l’incontournable lanterne japonaise.

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Le jardin Agapanthe à Grigneuseville
jardin privé contemporain, labellisé JR
C’est avant tout le terrain d’expérimentation du propriétaire, un jardin pensé comme une scénographie végétale.
Alexandre Thomas a commencé très jeune à s’intéresser au jardin, apprenant seul, dans les livres et en jardinant autour de la maison de ses parents, puis beaucoup plus tard en visitant des jardins. Cette passion l’a amené par la suite à une formation d’architecte paysagiste.
Un jardin de 2500 m2 au départ, sur un terrain plat, sans gazon compte tenu de l’humidité du sol, qui s’agrandit en 2006 à 6000 m2. Alexandre Thomas modèle alors fortement cette seconde partie, plate elle aussi, créant des dénivelés accentués, des jeux de niveau pour créer de l’animation : la construction avant les plantes. L’homme est pressé, il est important d’aller vite. Il choisit ainsi d’emblée de grands arbres, particulièrement de nombreux conifères, formés en nuages, des pins, des cryptomerias , des cèdres régulièrement taillés, des séquoias. Toujours pas de gazon ici dans les allées mais du sable, lumineux, facile à entretenir, toujours propre, agréable à piétiner. Beaucoup de végétaux persistants pour un décor permanent/camélias, choysias, magnolias, Yucca rostrata et des bancs pour s’y reposer. Le champ d’origine est vite devenu un jardin foisonnant de 50 ans avec des plantes remarquables chinées un peu partout à la manière d’un antiquaire. La forme de couloir et ses passages étroits lui a inspiré l’idée d’une promenade labyrinthique comme un cheminement pour créer un maximum d’ambiances : un dédale de terrasses, des cours d’eaux paresseux traversés par des pas japonais d’où s’ébattent poules et canards, des antiquités singulières. Les matériaux, dalles de pierre, escaliers, grilles, puits, fontaines, murs imparfaits moussus, sont tous des éléments anciens dans un esprit d’unité, donnant l’impression que le jardin a toujours été là. On change ici de décor à chaque instant : tantôt une clairière baignée de lumière, tantôt un sous-bois mystérieux ou encore un espace aquatique d’une grande quiétude.
Une palette végétale exceptionnelle : parmi les espèces emblématiques du jardin, l’agapanthe bien sûr, qui donne son nom au jardin et dont les fleurs bleu violacé illuminent les massifs en été, pour la couleur les ails d’ornement, les digitales, les astrances, les delphiniums, les fougères et graminées qui apportent un mouvement fluide et un contraste de texture, les érables du Japon aux feuillages flamboyants à l’automne, les roses anciennes pour leur parfum et les clématites qui grimpent et s’entrelacent pour créer une ambiance romantique et poétique. Des plantations serrées pour un effet de masse. Un jardin très structuré mais qui s’efface derrière ce savant mélange exubérant : des topiaires aux cotés des bambous, des palmiers avec des buis, difficilement classable dans un style de jardin.
De nombreuses idées d’aménagement émergent de cette promenade : l’art de structurer un espace limité grâce à des haies, des talus et des jeux de niveaux, l’association de plantes luxuriantes pour créer des ambiances naturelles et foisonnantes, l ’intégration d’éléments aquatiques pour renforcer la sensation de fraîcheur et de quiétude. Le propriétaire accueille également des stages et des formations sur l’art du jardinage et l’aménagement paysager, une occasion idéale pour approfondir ses connaissances.
Conçu comme un décor animé, cette œuvre paysagère unique, toujours en évolution, façonnée avec passion, offre aux visiteurs une expérience sensorielle hors du commun.
