2023 – Lille et environs

Thonnance les Joinville : Jardin de mon moulin

Jardin à l’anglaise, contemporain, labellisé Jardin Remarquable


Situé au pied de la colline boisée qui domine le village, le moulin de la Mazelle a perdu sa roue mais a conservé son bief et sa chute. C’est sur ce site qu’à partir de 2003, Philippe Lefort a imaginé des jardins dans un jardin qui ménagent de nombreuses surprises. Les sentiers invitent à la découverte d’espaces librement inspirés de différentes thématiques : jardin blanc, jardin d’eau, jardin médiéval divisé en carrés bordés de plessés, jardin de graminées et d’hydrangéas, roseraie (500 rosiers) et cloître de verdure…Une création qui forme un ensemble floral de belle qualité aux senteurs et aux couleurs exceptionnelles.
Les jardins recèlent en effet de belles compositions de vivaces, rosiers, hostas, arbres et arbustes toujours bordés de pivoines, la plante phare du jardin. Sa collection, une des plus riche de France compte environ 900 variétés. Statues, kiosque et pont complètent les compositions végétales. L’eau tient un rôle majeur dans le jardin et
accompagne les visiteurs tout au long de la visite (cascade, fontaines…)
Des plantes visibles dans le jardin sont en vente à la pépinière (pivoines, hostas, hydrangéas, arbustes…).
L’association « Les jardins de mon moulin » qui gère le jardin apporte bénévolat pour
l’entretien et organise des animations à différents moments de l’année, concerts nocturnes,
fête des cucurbitacées.

Cliquez sur l’image pour voir l’album

Celles 7760, Hainaut, Belgique : La Feuillerie


Jardin privé de collections, arboretum, parc botanique, labellisé Jardin Remarquable


Superbement intégré dans le paysage, entre le Mont Saint-Aubert près de Tournai et le Mont de l’Enclus près de Renaix, le parc de La Feuillerie a été reconnu Jardin remarquable en 2021 par « Parcs et Jardins de Wallonie ».
Cette reconnaissance fait suite à une harmonisation du parc historique, arboretum et jardin de collection botanique
et totalise à ce jour plus de 2000 espèces et variétés. C’est le fruit de la passion des propriétaires, Palick et Solange van Hövell, qui a permis d’obtenir un ensemble harmonieux alliant le charme d’autrefois avec des conceptions contemporaines.
Le parc romantique, typique de la première moitié du 19ème siècle est probablement l’oeuvre de Louis Fuchs (1818-1904), architecte paysagiste renommé, qui a conçu plusieurs parcs et jardins prestigieux en Belgique.
De nombreux arbres peu courants de cette époque comme l’Araucaria (désespoir des singes), le Castanea (châtaignier), le Ginkgo biloba (arbre aux 40 écus), le Fagus (hêtre), le Fraxinus (frêne doré) ou encore le Taxodium (cyprès chauve) forment toujours l’écrin original.
Depuis l’acquisition du parc en 1980, les propriétaires ont planté d’autres arbres moins courants comme le Corylus colurna (Noisetier de Byzance), le Gleditsia (févier d’Amérique), le Liriodendron (tulipier), le Cercidiphyllum (arbre caramel) ….
A partir de 1990, deux agrandissements ont porté la surface à 3,5 ha. On y trouve diverses collections d’Azalea, Cornus (cornouiller), Acer palmatum (érable du Japon), Quercus (chêne), Malus (pommier à fleurs), Prunus (cerisier à fleurs), Magnolia… et Rhododendron dont 70 variétés de Rh. yakushimanum associés dans la verdure pour une subtilité des couleurs et des scènes reposantes. La taille se fait en largeur pour faire place à d’autres
plantes d’ombre. Les couvre-sols soignés assurent la biodiversité et limitent l’entretien.
Depuis plus de 30 ans, en avril et en septembre le parc accueille une fête des plantes rares
renommée en Belgique et à l’étranger.

Croix : Jardin de la Villa Cavroix


Classé Monument Historique


Oeuvre emblématique de Robert Mallet-Stevens, la villa et son parc ont été commandés en 1929 par un riche industriel du textile, Paul Cavrois qui souhaitait loger sa famille dans un cadre naturel, à l’abri des fumées d’usines.
Cette commande d’une famille bourgeoise éloignée des milieux d’avant-garde à un architecte aussi novateur peut surprendre, d’autant plus que Paul et Lucie Cavrois laissent à Robert Mallet-Stevens l’entière liberté de concevoir leur demeure familiale.
L’architecte développe ici son « concept d’oeuvre totale » puisqu’il conçoit la totalité du projet dans les moindres détails pour créer un ensemble d’une grande harmonie: architecture, décoration intérieure et mobilier de la villa, jardin écrin pour la villa.
Héritier des jardins réguliers du XVIIᵉ siècle, le parc offre par ses allées et son miroir d’eau un prolongement des lignes et des dimensions de la villa. En cela, il forme un véritable écrin qui magnifie le bâti. Le miroir d’eau, long de 72 mètres s’inscrit dans l’axe du grand hall et reflète la façade de la villa à l’instar des châteaux classiques.
Point de vue emblématique sur la façade sud, l’extrémité du miroir d’eau permet d’appréhender les allées et promenades du parc, roseraies et pelouses parfaitement dessinées. L’allée circulaire au Nord participe également à la théâtralisation de l’accès à la villa dont on découvre progressivement la façade monumentale.
S’étendant à l’origine sur 5 hectares, le parc est aujourd’hui amputé de plus de la moitié de sa surface qui a été lotie dans les années 2000. En effet, la villa Cavrois a connu des périodes sombres : occupée par les Allemands dans les années 1940, puis modifiée et finalement abandonnée entre 1987 et 2001, elle est, avec son parc dans un grave état de délabrement et manque de disparaître au moment où elle est achetée par l’Etat en 2001. Elle est désormais gérée par le Centre des Monuments Nationaux.
Un gigantesque chantier de restauration (achevé en 2015) est alors entrepris avec l’objectif de retrouver l’état d’origine de la villa en 1932.
Dans le parc, qui était devenu une prairie, des sondages ont permis de retrouver les tracés des allées ainsi que le fond du miroir d’eau, disparu depuis l’occupation allemande. Les quelques essences qui avaient poussé spontanément et sans logique, ont été supprimées pour réintégrer celles qui avaient disparues, de sorte à remettre au premier plan les arbres plantés à l’origine.

Roubaix : Jardin du musée de la Piscine


Jardin botanique textile


Construite à l’image d’une abbaye dans un esprit néobyzantin, avec 4 ailes autour d’un jardin intérieur, la Piscine est l’oeuvre de l’architecte Albert Baert qui y consacra 5 ans entre 1927 et 1932. Le bâtiment s’organise autour d’un jardin claustral. La grande nef basilicale du bassin, éclairée de vitraux qui symbolisent le soleil levant et le soleil couchant, tient lieu de chapelle abbatiale.

Fermée pour des raisons de sécurité en 1985, la piscine est réhabilitée pour devenir un musée. La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent ouvre ses portes en 2001 puis est agrandi en2018. Il présente des collections composites d’arts appliqués et de beaux-arts constituées à partir du XIXe siècle comprenant des tissus, des pièces d’arts décoratifs, des sculptures, des peintures, des céramiques et des dessins.
Lors de l’installation du musée sur le site, l’architecte-scénographe Jean-Paul Philippon a fait du bassin de natation un espace magique, lieu central du projet. L’architecte chargé du jardin intérieur a souhaité garder la vocation première de cet espace, entre quiétude et respiration. Son agencement joue avec l’histoire du site : ainsi sa géométrie rappelle les jardins botaniques des monastères mais ses pontons évoquent plutôt les couloirs de natation. Les plantes sélectionnées sont liées à l’histoire industrielle de Roubaix : elles étaient utilisées dans l’industrie textile pour leurs fibres et leurs teintures.
Le jardin a fait l’objet d’une restauration pour lui redonner son éclat et son sens originel.
Une cinquantaine de variétés de plantes sélectionnées pour leurs propriétés tinctoriales
sont présentes dans ce jardin, vivaces principalement mais aussi bisannuelles et arbustes :
valériane rouge, réséda jaune, rose trémière grise ou encore pastel des teinturiers…
Des sculptures ornent ce jardin, lieu de repos au centre du musée.

Bailleul : le conservatoire botanique national


Reconnu par la communauté scientifique comme par les pouvoirs publics, il est l’un des douze conservatoires nationaux de France depuis 1991. Son champ d’investigation couvre les Hauts-de-France et l’ancienne Haute-Normandie (région de Rouen). 25 ha, une cinquantaine de professionnels assurant son rayonnement, des dizaines de milliers d’observations sur le terrain chaque année, une banque de 44 millions de graines et semences de 500 espèces différentes.
La conservation est réalisée sous 2 formes. D’une part le stockage : après avoir été séchées, nettoyées, tamisées,desséchées à nouveau, pesées, comptées, les graines sont placées en sachets étanches à +5° ou à -20° ; leur capacité de germination est testée ainsi que la culture au jardin conservatoire.
Le CBN met à jour la liste des espèces protégées par département, des plantes menacées (1/4 flore), l’indigénat et la diversité de la flore, les espèces disparues, les espèces invasives. Concernant ces dernières il est engagé dans la lutte contre les espèces exotiques envahissantes en informant et en proposant des outils de lutte contre ces espèces qui sont fixées par arrêtés. Citons les renouées asiatiques, l’érable négondo, le cornouiller soyeux, l’euphorbe fausse baguette, la berce du Caucase, le sumac de Virginie, le séneçon du Cap, le rosa rugosa….
La phytosociologie qui étudie les relations des plantes entre elles et avec leur milieu est ici un coeur de métier.
Le centre comporte aussi une bibliothèque exceptionnelle spécialisée dans les domaines d’étude de la botanique et de la phytosociologie.
Le jardin est composé d’une prairie, de biotopes naturels et de trois jardins thématiques où plantes sauvages et
médicinales du Nord-Ouest de la France sont cultivées pour leur étude, leur préservation et pour permettre au public de les découvrir.
Le CBN de Bailleul met son expertise unique, à la disposition des décideurs publics et des aménageurs. À leur demande, il réalise des études détaillées sur l’état de la flore et de la végétation d’un territoire. Quelles espèces et
quelles végétations sont présentes ? Sont-elles menacées, protégées ? Comment assurer leur préservation ? Il fournit des informations afin d’éclairer les décisions. Il propose aussi des formations pour les personnels techniques des collectivités.
Au niveau national, en complémentarité avec les autres conservatoires nationaux, mais également à l’échelle européenne et internationale, il contribue à la gestion d’un patrimoine mondial, qu’il convient de mieux intégrer dans les politiques de développement. Une espèce végétale disparaît chaque année dans la région.

Houplin-Ancoisne : Mosaic, le Jardin des cultures

Parc périurbain, labellisé Jardin Remarquable


Situé au coeur du Parc de la Deûle, il est le fruit du talent des paysagistes Jacques Simon, Yves Hubert et Jean-Noël Capart. Il s’inscrit au sein de ce parc de 400 ha à double vocation, environnementale et agriculture périurbaine dans une région fortement urbanisée et pauvre en espaces verts. Aménagé entre 1996 et 2010, il est
conçu selon trois concepts : une nature retrouvée sur les sites de Santes et Haubourdin (ancien dépôt de boues de
curage de VNF, décharges de pneus), une nature domestiquée à Wavrin, et une nature rêvée aux jardins MOSAÏC. il a reçu de nombreux prix dont le Prix du Paysage du Conseil de l’Europe en 2009.
MOSAÏC raconte et célèbre la diversité culturelle de la métropole lilloise. Il est une invitation au voyage où chacun retrouve des échos de ses propres racines et découvre celles des autres le temps d’une promenade ludique, emplie de poésie. Paysagistes et plasticiens se sont inspirés des souvenirs des habitants pour concevoir onze jardins thématiques où cohabitent curiosités botaniques, animaux domestiques rares et oeuvres d’art.
Des bois, un étang, des espaces ludiques, 11 écrins de verdure qui témoignent de la diversité
des origines des métropolitains,
Le Jardin Premier – Néolithique – nous invite à remonter le temps, sur les traces des premiers habitants de MOSAÏC, qui vécurent dans la vallée de la Deûle il y a 5000 ans.
Le Jardin Pierre Auvente -Les Flandres- Il porte le nom du géant Pierre Auvente, personnage imaginaire inspiré des géants fondateurs et protecteurs des villes des Flandres.
Le Jardin des Figuiers -Afrique du Nord reflète la diversité culturelle des pays du Maghreb et la richesse de ses paysages, entre désert, mer et montagne.
L’Île Africa Mama – Afrique de l’Ouest – nous transporte au coeur de l’Afrique de l’Ouest, à la découverte d’une culture basée sur la parole et la transmission.
La Quinta des Délices – Péninsule Ibérique – rend hommage à la richesse de la culture espagnole et portugaise grâce à la représentation d’une quinta, ferme caractéristique du Nord-Ouest de la péninsule ibérique.
Les Terrasses de la Méditerranée – Italie, Grèce – présente les cultures méditerranéennes d’Italie et de Grèce, entre références antiques et contemporaines.
Le Jardin Tissé – Europe Centrale, Europe de l’Est – rappelle les campagnes colorées d’Europe centrale et orientale.
Le Jardin du Dragon – Asie du Sud-Est – Symbole de plusieurs cultures d’Asie, le dragon est une créature de l’eau. Celle-ci occupe une place importante dans le jardin, rappelant les climats humides tropicaux et les paysages verdoyants du Sud-Est du continent.
Le Loukoum Jardin – Turquie, Bulgarie – nous invite à partir pour un voyage en Méditerranée orientale, à la découverte d’une nature aride et de cultures centrées sur le partage et la convivialité.
Le Rain Garden – Îles britanniques – célèbre les îles britanniques au travers de leur météo capricieuse et de la langue anglaise, illustrée ici par des poèmes évoquant le mal du pays.
Le 11ème jardin dédié à la culture germanique et à l’Europe germanophone a été inauguré le 11 juin 2023.


Hantay : pépinière Delabroye


Thierry Delabroye a commencé en 1983 avec une pépinière consacrée aux légumes puis aux annuelles. Sa passion date de l’enfance, observant les méthodes pointues des tabaculteurs, puis aidant un parent maraicher. Il a créé seul son entreprise avec de tous petits moyens. Puis la concurrence des hypermarchés et la proximité de la Hollande le conduisent à se tourner vers les vivaces en 1990.
Alors pour découvrir et apprendre, proche de l’Angleterre, curieux de tout, il a parcouru pendant plusieurs années des milliers de kilomètres pour visiter Beth Chatto, Elizabeth Strangman avec ses hellébores, puis des jardins comme Great Dixter, Sissinghurst …. Et celui de Wisley Gardens où il a pu acheter dans leur librairie géante les deux premiers livres (en anglais) qui lui ont ouvert les yeux sur la richesse botanique. Sa rencontre avec la Princesse Sturdza lui a ouvert un réseau qui a été déterminant pour sa carrière.
C’est à cette culture qu’il se consacre dorénavant entièrement avec Sandrine, son épouse, sur 5000 m2, toujours curieux de découvrir et tester de nouvelles plantes dans son sol lourd et argileux, très humide et froid en hiver. La pépinière compte plusieurs milliers de variétés de plantes vivaces toutes plus belles, rares ou insolites que les autres. Elles sont cultivées « à la dure », en plein air ou juste abritées par des ombrières ou tunnels plastiques non
chauffés pour mieux résister aux conditions climatiques du Nord.
La majeure partie des stocks est renouvelée chaque année afin d’offrir une qualité de plante irréprochable et de limiter les apports d’engrais. La lutte contre les parasites est entièrement « bio », assurée par les poules qui vivent là, des nématodes ou des extraits de plantes. Ici, la biodiversité n’est pas une expression à la mode, mais bien un art de cultiver.
Thierry et Sandrine hybrident leurs plantes à la main à partir de leurs pieds mères et de leur semis, 3 ans de culture seront nécessaires, pour proposer chaque année de nouveaux coloris et de nouvelles variétés de vivaces. Les épimediums (« Epimedium Merveille d’Hantay ») les heuchères (30 variétés à leur catalogue), les Hellébores qu’il faut admirer en février, font leur renommée. Leurs plus belles réussites ? l’Heuchera ‘Caramel’ et l’Heuchera
‘Citronnelle’, une mutation de la première, plantes vendues sur la planète entière.
Pour Actaea « Queen of Sheba », magnifique vivace d’automne aux inflorescences blanches très rustique ne nécessitant pas d’arrosage, ils ont obtenu un Mérite à la Foire de Chantilly en automne 2021.

Cassel : Jardin du mont des Récollets


Jardin privé, labellisé Jardin Remarquable


Le jardin a été aménagé à partir de 1990 par le propriétaire paysagiste, Emmanuel de Quillacq autour d’une ancienne ferme du XVII ème siècle, de construction traditionnelle en brique. Pour créer son « jardin maniériste à la flamande de type bruegélien », le propriétaire a fait denombreuses recherches, scruté les tableaux des primitifs flamands, notamment Brueghel et les Albums de Croÿ. Il s’est inspiré de l’imagerie des béguinages avec leurs bulbes printaniers. Il a aussi beaucoup observé la campagne vallonnée et les paysages de bocage.
Le jardin s’organise sur 1,5 ha en vingt-deux chambres de verdure avec chacune leur thème et leur atmosphère, portant des noms évocateurs: la chambre sur cour, la chambre des berlingots (buis taillés en forme de berlingots), le jardin des broderies, la chambre de printemps avec ses hortensias bleus et mauves, la chambre du Nord, la chambre des roses, la chambre bleue… Au fils de la visite, on passe d’une pièce à l’autre, avec des pièces claires et des corridors plus sombres, l’ensemble donnant « des effets de clair-obscur propres aux peintres flamands ». Parfois, des pièces avec fenêtres pour laisser voir le paysage flamand.
De nombreuses topiaires de buis et d’ifs cohabitent avec des plantes locales et de grands arbres. La diversité des plantes permet de beaux jeux de couleurs, de matière, de formes et de hauteur.
L’ensemble offre une alternance harmonieuse entre jardin maîtrisé, voire rigide et espaces presque sauvages, entre rigueur des lignes et fantaisie, entre ombre et lumière.

Esquelbecq : le Jardin du chateau

Classé Monument Historique


Le château d’Esquelbecq est l’un des monuments les plus représentatifs de l’architecture flamande française de la Renaissance. Il a conservé son plan d’origine : un quadrilatère à huit tours en brique, entouré de larges douves. Le domaine s’étend sur sept hectares dont un hectare pour le jardin à compartiments et cinq hectares pour le
parc paysager.
Le jardin à compartiments date du XVIIème siècle. Son aspect global a peu changé depuis la gravure de Sandérus (1644) ; c’est donc un témoignage unique des jardins à la flamande. On reconnaît ici certaines caractéristiques distinctives de ce type de jardin : superficie relativement modeste, un relief faible, forte présence de l’eau avec les douves limitant le sud du jardin, symétrie, une architecture marquée avec des compartiments rectangulaires, des
haies (charme, aubépine), l’usage de topiaires (lignes de buis), la plantation d’arbres palissés et taillés (poirier, pommier), des cultures utilitaires (potager, aromatiques et médicinales) séparées d’un ancien “jardin bouquetier”, des matériaux typiques : briques, pierre bleue, pierre calcaire.
On accède par un pont pavé à ce jardin qui forme une parcelle juxtaposée au château, séparée par les douves. Il s’inscrit dans un large carré, évoquant l’aspect d’un «jardin clos» du Moyen-Age.
Le jardin se compose toujours de deux parties distinctes, dont l’une à l’est, est visible depuis la place du village : une croix de Bourgogne dont le tracé des allées par des fruitiers palissés le long d’un treillage est souligné de bordures de buis.
A l’ouest, la plus grande partie, un jardin potager à compartiments divisé en 8 parcelles rectangulaires où les fruitiers ont été taillés et des palissades remontées : plus d’une centaine de fruitiers anciens en contre-espaliers avec une majorité de poiriers ainsi que des pommiers.
Au milieu du XIXème siècle, le jardin à compartiments et le château sont restaurés et un parc paysager dont l’auteur est inconnu, est créé, puis abandonné pendant de nombreuses années. Le tracé des promenades avec ses rotondes de tilleuls, son bosquet de l’étoile et arbres centenaires sont toujours bien lisibles. Le parc offre de multiples vues vers le château. Mais le parc est aujourd’hui en restauration, non accessible au public. On ne peut
visiter que le jardin à compartiments.
Au cours de l’histoire, le domaine a connu des cycles de construction et des périodes d’abandon et de guerres. La famille Tamer-Morael entreprend dans les années 2000 une première phase de restauration du château, travaux complétés à partir de 2016 avec l’objectif d’ouvrir le domaine au public.
Chaque été, pendant quatre mois, à l’occasion de son exposition thématique estivale Art au Jardin, le Château d’Esquelbecq accueille une dizaine d’installations d’artistes plasticiens internationaux dans ses jardins. L’édition 2023 propose une exploration de la musicalité des matériaux et énergies naturelles.


Lens : Parc du Louvre-Lens

Parc contemporain


Le Louvre-Lens n’est pas seulement un musée, c’est un musée-parc. Le parc du Louvre-Lens aménagé par la paysagiste Catherine Mosbach en étroite collaboration avec l’agence SANAA qui a conçu le musée, marque un trait d’union vibrant entre la ville et l’établissement culturel.
Ce projet a pris vie sur une friche de vingt hectares où se trouvait l’ancien carreau de fosse des puits 9 et 9 bis des mines de Lens, site d’extraction fermé en 1960. Le terril plat qui forme l’assise du parc détermine en grande partie son apparence. La paysagiste a d’ailleurs veillé à conserver les traces de ce passé minier : cavaliers, réminiscences de rails, place symbolique de l’ancien puits de mine et nature visible du sol.
Pour Catherine Mosbach, « Cet ensemble cohérent revisite à sa manière les traditions de l’âge classique des grands parcs de Le Nôtre ou les périodes baroques des jardins italiens ». Comme cela se passe traditionnellement, l’association des architectes et de la paysagiste dès le début du projet permet d’assurer une grande complémentarité entre le bâtiment et le parc.
Le parc constitue le point d’entrée du musée placé au centre du site. Pour accéder aux différentes entrées du musée, trois grands axes ont été aménagés afin de traverser rapidement le parc d’Est en Ouest sur toute la longueur, reprenant les lignes des cavaliers (voies ferrées des mines).
Avec les séries d’esplanades, les allées sinueuses en béton percées de poches, les prairies fleuries, bosquets et pelouses, le parc propose une diversité de promenades autour du musée, comparables à ce qu’offraient les jardins baroques italiens et français, propices à la déambulation. De plus, différentes atmosphères sont agencées dans le parc, notamment grâce à la présence de quelques zones préservées, comme l’ancienne entrée de la fosse 9 devant l’entrée nord du musée qui reprend le principe des bosquets.
La tradition japonaise semble également bien présente dans la conception du parc, comme un écho à l’oeuvre des architectes de l’agence SANAA. Tout comme pour les habitations japonaises ouvertes sur le jardin, les aménagements de la paysagiste assurent la continuité entre l’intérieur et l’extérieur du musée.
L’utilisation de matériaux modernes et réfléchissants, verre, aluminium anodisé pour l’architecture extérieure du musée permet également d’assurer la continuité entre musée et parc. Ainsi, le musée absorbe et recompose le paysage qui l’environne. La conception du parc répond également aux contraintes liées à la fonction même du bâtiment, celle d’accueillir le public et d’exposer des oeuvres d’art en toute sécurité. Clôtures et talus végétalisés permettent d’assurer la sécurité et de donner un aspect naturel aux limites du parc. Les canapés végétalisés du parvis Nord qui empêchent un accès direct des véhicules au musée sont aussi des assises pour les visiteurs.
Mais, la volonté première des concepteurs, c’est d’abord d’amener le public au musée par l’entremise du parc. Et si les visiteurs viennent pour découvrir le musée, le parc peut également être une destination en soi. Comme l’explique Catherine Mosbach, « le parc doit ouvrir ses bras à l’extérieur ». Pour ce faire, onze entrées ont été aménagées de part et d’autre de la parcelle de 1200 mètres de long et 250 mètres de large afin d’assurer la
connexion avec la ville.
Par ailleurs, la paysagiste s’est interrogée au sujet des méthodes d’entretien des espaces afin de limiter l’intervention du jardinier et de laisser la place aux espèces indigènes.
Elle a imaginé une alternance d’espaces variés, bois plantés de bouleaux, prairies fleuries, miroir d’eau, verger, pelouses, esplanades. Le parc compte près de 6 600 arbres, 26 000 arbustes, 7 000 plantes vivaces, quatre hectares de prés et prairies fleuries, un hectare de pelouse rase.
A l’ouest, se trouve une forêt pionnière de robiniers faux acacias. Au fil de la promenade, les visiteurs découvrent
merisiers, tilleuls argentés, sorbiers des oiseleurs, oliviers de Bohême, érables sycomores ainsi que de nombreux
arbres fruitiers spontanés. Les collines herbeuses de la plaine ludique attirent particulièrement familles et enfants.
Les sentiers de promenade propices à la flânerie se déploient en faisceaux ponctués de bancs aux formes
organiques. Des blocs monolithes de béton creusés ouvrent des aires de pique-niques et de jeux. Des lames de béton placées en étoile rythment les larges plates-bandes. Les sols ont été travaillés sous la forme de mosaïques minérales ou végétales selon le cas.
Lieu de vie et de rencontre, le parc rassemble l’espace d’une promenade, d’un instant de détente, les visiteurs de la région et les touristes du monde entier, les équipes du musée et les voisins des cités jardins.

Vimy : Jardin de la paix canadien « Drapeau »


Le Mémorial national du Canada à Vimy fut l’un des premiers à voir le jour, érigé entre 1925 et 1936 à titre d’hommage aux Canadiens et Canadiennes qui ont servi au nom de leur pays lors de la Première Guerre mondiale. On y retrouve les noms de 11 285 soldats canadiens portés disparus ou présumés morts en France.
Ce lieu est un paysage à couper le souffle.
Pour y arriver, on traverse une grande pelouse jusqu’au monument majestueux en pierre blanche, de l’architecte Walter Seymour Allward, qui domine le bassin minier. La grande richesse symbolique de ses sculptures est un hommage permanent au service et aux sacrifices consentis par les Canadiens. De l’autre côté, une forêt plantée d’autant de pins que de personnes disparues, a été crée à l’époque dans le sol laissé en l’état avec ses trous
d’obus, pâturé par des moutons. Deux percées dans le boisement orientent le regard vers des clochers.
À l’initiative de l’association Art & Jardins Hauts-de-France, de la Mission du centenaire de la Première guerre mondiale et du Ministère des Armées, dès 2018, une vingtaine de jardins aménagés par des artistes et paysagistes originaires des nations qui ont combattu pendant la Première Guerre Mondiale ont vu le jour à proximité des hauts lieux de souvenir.
D’ici 2024 un chemin de la paix composé de 40 jardins représentant toutes les nations belligérantes, y compris les pays colonisés, se dessinera dans les Hauts de France, le Grand Est et la Belgique. En lançant ce projet « jardins de la paix » en 2018, Gilbert Fillinger, directeur d’Arts et Jardins, entendait mettre en place des lieux où les gens peuvent se retirer, s’asseoir, réfléchir, méditer, sortir de cette guerre. L’idée était qu’un artiste crée une oeuvre, avec cette pensée de la paix et se projette dans le futur car la paix n’est jamais acquise.
Au sommet du Mémorial, surplombant un paysage désormais paisible, se retrouve la sculpture de la Paix, une des valeurs universelles préconisée par le concepteur architecte. C’est donc là en 2018, que les paysagistes Julie Parenteau, Karyna Saint-Pierre et Pierre-Yves Diehl ont imaginé un jardin inspiré par la forêt boréale et les panoramas enneigés du Canada, dont le ton clair fait écho à la symbolique de la couleur blanche. Situé entre deux
massifs de pins, leur aménagement présente un périmètre rectangulaire, à l’intérieur duquel des amélanchiers au tronc gris pâle ont été plantés au milieu d’une prairie de fleurs blanches. Ici, toute la palette végétale est un rappel aux immensités canadiennes, des vivaces aux arbustes. Pour les paysagistes, les floraisons qui dansent au gré du vent sont comme autant de drapeaux blancs, rappel de la nécessité d’un dialogue paisible entre les nations.

Vimy : Parc du centenaire de la fondation Vimy


Adjacent au Mémorial, un autre jardin mérite une visite : le parc du centenaire de la fondation Vimy qui offre aux visiteurs un espace unique à la réflexion pour méditer sur les horreurs qui se sont produites sur ces terres, et qui contraste avec la solennité et la grâce du Mémorial adjacent. Tous les éléments du parc ont été choisis avec soin, par la conceptrice Linda Dicaire, architecte paysagiste canadienne.
Dans cet espace circulaire 100 chênes de Vimy, issus de glands recueillis sur le champ de bataille de 1917 par des soldats les ayant replantés au Canada, ont été rapatriés dans ce lieu pour commémorer les 100 ans.
En effet, après la victoire de la bataille de la crête de Vimy, de nombreux soldats ont réalisé qu’ils avaient fait partie de quelque chose de vraiment grand. Leslie Miller, né en 1889 à Milliken, a parcouru la crête, dans les mois qui ont suivi la bataille. La crête était complètement dépourvue de végétation en raison des tirs d’obus, mais il est tombé sur un chêne à moitié enterré. Il a ramassé une poignée de glands. Il a ensuite planté ces glands sur des terres agricoles à Scarborough, en Ontario. Il a appelé sa ferme les « chênes de Vimy». Aujourd’hui, plusieurs des chênes d’origine subsistent. La Fondation Vimy, s’est efforcée de rapatrier ces chênes de Scarborough-Agincourt à Vimy, en France, pour aider à préserver l’héritage canadien de la Première Guerre mondiale.